Les mérites de La Mecque

Extraits de : Zâd el Ma’âd d’ibn el Qaïyam el Jawziya (1/42-52).

En méditant un peu sur l’univers, on se rend compte qu’en élisant et en choisissant certaines créations, le Tout-Puissant fit preuve d’une grande Sagesse et Majesté, comme Il fit preuve de Sa Toute Puissance. Il exprime également à travers cela Son Unicité en sachant qu’Il élit qui Il veut parmi Sa création.[1] Parmi les sept cieux qu’Il a créés, Il en a élu le plus haut, comme Il a élu le Firdaws –qui se trouve juste en dessous de Son Trône – d’entre tous les Paradis. Parmi, les anges, Il en a choisi trois ; Jibrîl, Mikâîl, et Isrâfîl.[2] Parmi les fils d’Adam, Il a élu cent vingt-quatre mille prophètes, au milieu desquels Il a élu trois cent treize messagers. Parmi ces derniers, Il a choisi les « messagers-résolus » (Ûlû el ‘Azm), qui sont au nombre de cinq : Nuh, Ibrâhîm, Mûsâ, ‘Îsâ, et Mohammed. Ces deux Amis intimes sont Ibrâhîm et le descendant d’Ismâ’îl (Mohammed) qui est le grand élu de la création.

Sa communauté est la meilleure d’entre toutes ; cela se vérifie aussi bien dans leur savoir et dans leurs actes sur terre que dans leurs demeures et leurs degrés qui seront les plus élevés dans l’autre monde. Il convenait à cette nation d’avoir dans son patrimoine, le lieu et le pays le plus illustre qui soit, autrement dit La Mecque.

Le Seigneur (I) a choisi cette ville pour Son Prophète , Il y a prescrit à Ses serviteurs certains rituels. Il leur a ordonné en effet de s’y rendre partout où qu’ils soient. Ils doivent ainsi y entrer en toute humilité, en ayant veillé auparavant à se découvrir la tête et à enlever leurs habits profanes.

Mekka est sacrée et paisible ; il est interdit d’y verser le sang, de couper ses arbres, de faire fuir son gibier, et de couper sa végétation vivante. Il n’est pas permis de s’approprier tout objet trouvé en son sein, si ce n’est pour le signaler. Il suffit de s’y rendre pour se voir effacer tous ses péchés passés et purifier de ses fautes. D’après el Bukhârî et Muslim en effet, selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah a déclaré :

 « Quiconque se rend à ce Temple sans commettre ni dire de mal, reviendra chez lui comme le jour où sa mère le mit au monde. »[3]

En s’y rendant, on ne peut prétendre d’autre récompense que le Paradis. D’après les recueils e-Sunan, selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd (t), le Messager d’Allah a dit :

« Faites succéder le Hadj et la ‘Umra car ils éliminent les péchés et la pauvreté comme le soufflet élimine les scories (déchets) du fer, de l’or, et de l’argent ; un pieux pèlerinage ne peut mériter moins que le Paradis. »[4]

Si la « Terre paisible » n’était pas la plus aimée du Seigneur, Il ne lui aurait accordé aucune élection ; Il a fait de son enceinte un lieu de rituels, Il a prescrit à Ses serviteurs de s’y rendre en considérant cela parmi les obligations les plus impérieuses de l’Islam. En outre, Il jure par la « Terre paisible » à deux reprises dans Son Livre illustre.[5]

Il est imposé nul par ailleurs autre qu’à La Mecque, pour celui qui en est capable, de faire le Tawâf (circuit) autour d’un monument et le Sa’î (circuit) entre deux repères. Il n’existe aucun endroit sur la surface de la Terre qu’il serait légiféré d’embrasser ou de passer la main dessus, ou qui permettrait encore d’effacer les péchés, en dehors de la Pierre Noire et du Coin Yéménite (pour ce qui est de passer la main dessus NDT.).

Une prière dans la Sainte Mosquée vaut cent mille prières.

On peut dire ainsi que La Mecque est le meilleur endroit sur terre, c’est pourquoi il incombe de lui consacrer un « voyage spirituel ». La ville natale de Mohammed sert de Qibla (direction) à l’humanité entière, aucun lieu dans le monde ne peut s’arroger un tel privilège.

Parmi ses particularités, il y a l’interdiction de se mettre dans sa direction ou bien de lui tourner le dos pendant ses « besoins naturels ». En cela, il n’y aucune différence entre le fait d’être couvert par un mur et d’être à l’air libre selon la plus pertinente des opinions des savants.

Parmi ses particularités, nous pouvons mentionner que la Sainte Mosquée est le premier Temple édifié aux hommes. D’après el Bukhârî et Muslim en effet, selon Abû Dhar, ce dernier demanda au Messager d’Allah : « Quel fut la première mosquée (temple) édifiée sur terre ?

–            La Sainte Mosquée, répondit-il.

–            Et ensuite ?

–            La Mosquée el Aqsa.

–            Combien de temps y a-t-il eu entre les deux ?

–            Quarante ans. »[6]

Ce Hadith pose problème pour celui qui n’en pénètre pas le sens, car il est connu que Sulaïmân fils de Dâwûd est le fondateur el Aqsa, en sachant qu’il y a plus de mille ans qui le séparent d’Ibrâhîm. L’auteur d’une telle parole est somme toute un ignorant, car Sulaïmân n’a fait que rénover le Temple, mais il n’en est pas le fondateur. Son premier fondateur en fait, c’est son ancêtre Ya’qûb le fils d’Ishâq , qui s’est mis à l’ouvrage quarante ans après la construction de la Ka’ba par son grand-père.

Allah nous apprend notamment qu’elle est la « Mère des cités » dans le sens où toutes les autres cités lui succèdent (ou dépendent d’elle) et sont issues d’elle ; elle a donc un rôle de génitrice. En dehors de ceux qui sont souvent poussés à s’y rendre, il n’est pas permis d’y entrer sans sacralisation (Ihrâm) ; en cela, elle se distingue des autres villes bien qu’il existe sur la question certaines nuances et certaines divergences.

Le simple fait de projeter de faire une mauvaise action en son sein est compté comme un péché comme le révèle le verset suivant : (Nous ferons goûter un châtiment douloureux à quiconque veut y commettre une déviation quelconque).[7] À partir de là, les péchés qui y sont commis sont plus condamnables non d’un point quantitatif, mais du point de vue de leur gravité. Bien qu’un péché –petit ou grand– soit compté qu’une seule fois, il n’en demeure pas moins qu’il a plus de gravité quand celui-ci est commis au cœur de la Ville Sacrée. Désobéir à un roi loin de sa cour ce n’est pas comme lui désobéir dans sa propre cour wa Allah a’lam !

Si les cœurs sont tant attirés et envoûtés par ce pays de lumière, ce n’est pas sans raison. Allah nous informe en effet qu’il est un lieu de refuge et de retour pour les hommes ; c’est-à-dire qu’ils y reviennent constamment tous les ans et de tous les horizons. Cette attirance ne peut s’assouvir à travers une simple visite, mais celle-ci se transforme en besoin grandissant.

À peine cligne-t-on des yeux en la contemplant

 Que sa vue devient encore plus envoutante      

Combien d’âmes et d’argent lui sont-ils sacrifiés ! Combien est-il doux de quitter les êtres les plus chers en vue de la rencontrer ! Et de quitter sa terre chérie pour traverser tous les dangers et un long et dur périple ! Si doux pourtant pour le cœur qui est envahi de son amour et plus doux encore que les délices les plus succulents auxquels il est familier !

Peut-on à la fois aimer et considérer

Comme une souffrance, les efforts pour son bien-aimé ?

 

Voici la clef du mystère qui explique pourquoi le Seigneur se l’est-Il affilié dans le Verset : (et purifie Ma Maison).[8] Cette affiliation particulière invite à éprouver plus d’admiration et d’encensement envers la « Maison d’Allah ». Toute affiliation au Tout-puissant confère à la chose en question une considération particulière qui l’élève au rang d’élection…

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches, et tous ses Compagnons !

Source : Islamhouse

[1] Voir : Les récits ; 67

[2] Chacun de ces trois anges est responsable d’une forme de vie ; Jibrîl est chargé de la Révélation qui alimente la vie spirituelle ; quant à Mîkâîl, celui-ci est chargé de la pluie qui alimente le corps humain, la nature, et les animaux ; Isrâfîl pour sa part est chargé de souffler dans la Trompe pour donner le signal de la Résurrection des hommes (nouvelle vie) le Jour du Grand Jugement.

[3] Rapporté par el Bukhârî (3/302) et Muslim (1350).

[4] Rapporté par e-Tirmidhî (810), et e-Nasâî (5/115), et Ahmed (3669) dans son Musnad avec une bonne chaîne narrative.

[5] E-Tîn ; 3 et El Balad ; 1

[6] Rapporté par el Bukhârî (6/290, 291), et Muslim (520).

[7] Le pèlerinage ; 25

[8] Le pèlerinage ; 26